photo Alain Ménez
" Béni soit ce jour où je puis enfin
Livrer la version franche et véritable
D'un événement que moi, Tiercelin,
Vécus, et dont on bâtit une fable,
N'en déplaise à Esope le Phrygien,
Ainsi qu'à Maître Jean de la Fontaine :
Si, dans leurs écrits le vers sonne bien,
Je soutiens crûment, n'y voyez de haine,
Que pour le récit, ma foi, tout est faux !
Certes j'avais dans le bec un fromage,
En réalité, un Brie de Meaux
Que j'allais offrir pour son mariage
A un Corvidé de mes bons amis.
Je l'avais acquis moyennant finances
Auprès d'un fermier pas très loin d'ici,
Et comme j'étais un peu en avance,
Je m'étais perché, attendant midi.
Renard qui passait vint faire causette,
Mais à son discours rien ne répondis.
Vous l'avez compris, je ne suis point bête.
Au bout d'un moment, vexé, il s'en fut
Et pour se venger colporta l'histoire
Que partout l'on sait. Bien sûr, on l'a cru.
Il s'en attribuait toute la gloire
Et je passais pour le dernier des sots.
La "fake news" est une ancienne manie,
(Oui, je parle anglais, enfin quelques mots...)
Qui sévit toujours... même en poésie!"
AG