jeudi 14 novembre 2019

La grue voyageuse



Un jour sur ses grands pieds, quittant sa condition,
Dame Grue entreprit de partir en voyage.
Elle avait ouï parler des grandes migrations
De ses sœurs emplumées, or bien que son image
De fort loin ressemblât à ces cendrés oiseaux,
Elle affirmait être de la même famille,
Et tout contradicteur elle prenait de haut !
*
On avait bien graissé ses roulements à billes,
Sa peinture était fraîche et ses boulons serrés,
Aussi ce matin-là s'élança-t-elle heureuse
Sur les routes bien avant le soleil levé.
Adieu pesants fardeaux, manœuvres périlleuses
Auxquels depuis toujours, sans jamais un merci,
Pour se bâtir maison, l'homme l'avait soumise !
Elle allait enfin pouvoir vivre sans soucis,
Couler des jours heureux en sa terre promise !
*
Bien que fort étonnés, les gens la saluaient.
En réponse, la grue en inclinant sa flèche,
A chacun des passants gentiment répondait.
Elle n'aurait souffert qu'on la dise pimbêche !
*
Aujourd'hui, nul ne sait où la guident ses pas.
Certains l'ont aperçue en chemin vers l'Afrique,
D'autres, mais c'est moins sûr, traversant la pampa.
La rumeur est souvent quelque peu chimérique !
*
Si d'aventure un jour vous la voyez passer,
Souhaitez-lui le bonjour. Si vous le voulez même,
Car de rimes et vers, friande je la sais,
Vous pourrez, c 'est gratuit, lui donner mon poème !

AG

Merci à Océanique pour la photo