Un
jour sur ses grands pieds, quittant sa condition,
Dame
Grue entreprit de partir en voyage.
Elle
avait ouï parler des grandes migrations
De
ses sœurs emplumées, or bien que son image
De
fort loin ressemblât à ces cendrés oiseaux,
Elle
affirmait être de la même famille,
Et
tout contradicteur elle prenait de haut !
*
On
avait bien graissé ses roulements à billes,
Sa
peinture était fraîche et ses boulons serrés,
Aussi
ce matin-là s'élança-t-elle heureuse
Sur
les routes bien avant le soleil levé.
Adieu
pesants fardeaux, manœuvres périlleuses
Auxquels
depuis toujours, sans jamais un merci,
Pour
se bâtir maison, l'homme l'avait soumise !
Elle
allait enfin pouvoir vivre sans soucis,
Couler
des jours heureux en sa terre promise !
*
Bien
que fort étonnés, les gens la saluaient.
En
réponse, la grue en inclinant sa flèche,
A
chacun des passants gentiment répondait.
Elle n'aurait souffert qu'on la dise pimbêche !
*
Aujourd'hui,
nul ne sait où la guident ses pas.
Certains
l'ont aperçue en chemin vers l'Afrique,
D'autres,
mais c'est moins sûr, traversant la pampa.
La
rumeur est souvent quelque peu chimérique !
*
Si
d'aventure un jour vous la voyez passer,
Souhaitez-lui
le bonjour. Si vous le voulez même,
Car
de rimes et vers, friande je la sais,
Vous
pourrez, c 'est gratuit, lui donner mon poème !
AG
Merci à Océanique pour la photo